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2014

France

La sémiotique en France : chronique 2014
Veronica Estay Stange et Denis Bertrand

Texte intégral

1La recherche sémiotique en France s’organise notamment autour du Séminaire de sémiotique (qui a lieu désormais à la Maison Suger, Fondation de la Maison des Sciences de l’Homme – FMSH, le mercredi tous les quinze jours), rattaché à l’Université Paris 8-Vincennes- Saint-Denis et à l’Université de Limoges. Co-dirigé par Denis Bertrand, Jean-François Bordron, Ivan Darrault et Jacques Fontanille, ce séminaire prolonge sans discontinuer, depuis 1992, l’ancien Séminaire de sémantique générale d’A.J. Greimas à l’EHESS, et résulte de la fusion, en 2012-2103, des anciens Séminaire intersémiotique de Paris (J. Fontanille, D. Bertrand, J.-F. Bordron, G. Molinié, Cl. Zilberberg), Séminaire de sémiotique de l’EHESS (J. Petitot, M. Costantini, I. Darrault, J.-J. Vincensini) et Métaséminaire de Paris IV (J.-F. Bordron, A. Hénault). Il a pour but de développer une recherche sémiotique de pointe, en rapport avec les problématiques qui concernent les sciences du langage et la culture contemporaine. Certains de ses travaux sont pré-publiés sur le site des Actes sémiotiques (cf. infra). En 2013-2014, le Séminaire de sémiotique a été consacré à la recherche des relations théoriques entre la sémiotique et les sciences humaines, en mettant l’accent sur le statut du métalangage, sur les modélisations et sur les conséquences résultant de ces choix. Sans changer de perspective, en 2013-2014, il a focalisé son attention sur le problème, toujours en débat, du principe d’immanence, sous le titre Principe d’immanence et entour pragmatique. Cette vaste réflexion sur le principe d’immanence fait écho aux travaux conduits à l’Université de Puebla (Mexique) par le SeS, et publiés au cours de la même période (2014-2015) en trois volumes de la revue Tópicos del Seminario.

2Le Séminaire de sémiotique est étroitement associé au Cercle Sémiotique de Paris (CSP), créé en 2011 lors du colloque de Royaumont (« Le sens, le sensible, le réel, II »). Présidée par Anne Hénault, cette société savante est inspirée directement par les travaux de l’École sémiotique de Paris telle qu’elle s’est développée de la fin des années 1960 à nos jours. Elle a pour objet de contribuer au développement scientifique de la Sémiotique générale en réunissant régulièrement, sur la base d’un engagement épistémologique commun, les chercheurs français et étrangers, spécialistes de cette discipline.

3Du point de vue institutionnel, la sémiotique en France repose historiquement sur le Centre de Recherche Sémiotique de l’Université de Limoges (CeReS), dirigé à partir de 2013 par Isabelle Klock-Fontanille. Le CeReS comprend trois domaines de recherche : l’axe « Sémiotique », l’axe « Écriture, support, média », et l’axe « Linguistique ». Dans le domaine de la sémiotique, l’Université de Limoges a organisé plusieurs colloques, journées d’études et séminaires au cours de l’année 2014 :

  • Premier cycle de journées d’étude sur la sémiotique de la communication numérique : Sens, mediums, supports numériques, usages. Ce cycle de journées d’étude a lieu dans le cadre du projet de recherches au sein du CeReS lié à la conception d’un applicatif éducatif. Ce projet est mené en partenariat avec l’entreprise Pixine et financé par la Région Limousin et l’Europe. Les deux premières journées d’étude ont été organisées par Eleni Mitropoulou et Nicole Pignier. La première journée (4 avril) a eu pour titre Quel est le sens d’une éducation aux mediums numériques ? ou Comment la sémiotique peut-elle créer un regard critique sur la manière d’appréhender l’éducation aux supports d’information et de communication ? La deuxième journée (27 juin) a été consacrée au sujet de Supports matériels et processus sémiotique.

  • Colloque Autour des formes implicites (12-14 novembre), coordonné par Sophie Anquetil et Juliette Elie-Deschamps. Cette rencontre a permis aux chercheurs des diverses disciplines représentées par le CeReS d’analyser le décalage entre le dit et le vouloir dire définitoire de l’implicite, ainsi que les stratégies mises en œuvre pour sa production et sa réception. Trois axes ont été proposés : argumentation rhétorique, acquisition et pathologie et linguistique contrastive et traductologie.

4De son côté, l’Association Française de Sémiotique (AFS) contribue de manière importante à l’échange et à la promotion de la recherche en sémiotique. Le bureau de l’AFS est ainsi constitué : président, Denis Bertrand ; vice-présidents, Maria Giulia Dondero, Jean-François Bordron, Jacques Fontanille, Anne Hénault, Odile Le Guern (Shima Shirkhodaei a démissionné au cours de l’année 2014 pour convenance personnelle) ; secrétaire, Ivan Darrault-Harris ; trésorière, Veronica Estay Stange. Parmi les réalisations de l’AFS se trouvent la création d’un nouveau logo et le renouvellement de son site. Un autre projet en cours est la fondation d’une Fédération Romane de Sémiotique regroupant les différents centres et instituts qui ont en partage la recherche sémiotique et la communication en langues romanes.

5À Lyon, le groupe de recherche Séméia, créé et animé par Louis Panier, s’est associé en 2013 au groupe Rhêma (syntaxe et sémantique) au sein du laboratoire ICAR pour une réflexion commune autour de la notion de « Prédication ». Il a promu le thème du « Paradigme » comme axe central du séminaire Séméia/Rhêma. Il a aussi repris, depuis octobre 2013, une activité autonome dans le cadre du séminaire « Confluences sémiotiques » qui, animé par Pierluigi Basso et Odile Le Guern, porte sur la problématique du « Parcours/passage » dans les pratiques sémiotiques. Dans ce cadre, en 2014 trois conférences ont été organisées (Nada Issa, Martine Groccia, Bernard Lamizet).

6Vouée à la formation des futurs cadres de la sémiotique, l’Association de jeunes chercheurs en sémiotique (AJCS) a pour objet de soutenir la recherche et la carrière des jeunes sémioticiens, ainsi que de favoriser, à travers leur participation, l’échange international et disciplinaire. Après la reconfiguration de son bureau, l’AJCS est coordonnée par Amir Biglari (président, Université du Luxembourg), François Gauvin (secrétaire général, Université de Québec) et Bertrand Aman Affi (trésorier, Université de Limoges). En 2014 (11 et 12 septembre), cette Association a organisé son troisième colloque international à l’Université du Québec à Montréal sur le thème « Penser la résistance en sémiotique » (en partenariat avec le laboratoire de « Résistance sémiotique » de la même Université).

7Outre les rencontres organisées par les centres et associations déjà mentionnés, divers séminaires, colloques et journées d’études ont eu lieu en France au cours de l’année 2014 :

  • XXXVe Colloque d’Albi Langages et Signification (7-10 juillet), organisé par le C.A.L.S. et le Groupe Médiations Sémiotiques Centre Saint-Amarand. Cette rencontre, centrée sur Cultures et valeurs : la transmission des textes, des objets et des pratiques, proposait plusieurs entrées dans la problématique, dans une approche ouverte des deux notions clés, cultures et valeurs : pour une articulation de la problématique des cultures ; la transmission : entre oubli et mémoire ; valeurs en discours ; et cultures, valeurs, et techniques.

  • Journée d’étude et de formation à la recherche Images scientifiques/images artistiques (3 octobre, Cap-sciences de Bordeaux). Organisée par Anne Beyaert-Geslin (Université Bordeaux Montaigne), cette journée d’étude postulait une proximité entre les arts et les sciences, en proposant d’observer leurs rapports à la connaissance. Elle s’inscrivait dans la continuité de recherches en sémiotique visuelle qui ont construit la comparaison en montrant comment ces images prennent position devant leurs traditions respectives, questionnent les formes et les instruments de la créativité et visent la découverte.

  • Séminaire de Sémiotique - ANR CEMES, Cultures Émergentes et Médiations Sémiotiques. Ce séminaire mensuel qui a lieu à l’Université de Limoges s’inscrit dans une démarche de réflexion théorique et pratique dictée par le projet CEMES (ANR). Coordonné par Nicolas Couégnas (CeReS), ce projet a pour ambition de décrire d’un point de vue sémiotique la façon dont les transformations médiatiques de l’ère numérique sont susceptibles de faire émerger de nouvelles cultures, manifestées par le biais de nouvelles pratiques signifiantes.

8En ce qui concerne les publications, les Actes sémiotiques sont le principal organe de diffusion de la sémiotique en France. Rattachée au CeReS, cette revue est publiée sur support électronique depuis mai 2007. Poursuivant le projet de l’édition sur papier, les Actes Sémiotiques se fixent une double ambition : faire fructifier l’héritage intellectuel marqué par la pensée de Greimas et de l’École de Paris en élargissant sa diffusion, et publier les résultats théoriques, mais aussi thématiques, de la recherche actuelle en sémiotique. Ainsi, la revue comprend une rubrique destinée aux Recherches sémiotiques, et une autre consacrée aux Analyses sémiotiques. Une troisième rubrique (Prépublications) regroupe les textes des exposés présentés au Séminaire de Sémiotique (Paris). Les Actes Sémiotiques publient un ou plusieurs dossiers annuels, en intégrant tout au long de l’année, autour de cette partie fixe, des articles et des informations pratiques. Le n° 117 de la revue, publié en janvier 2014, présente trois dossiers : le premier, coordonné par Eleni Mitropoulou et Eric Landowski, est consacré aux Approches sémiotiques de la notion de territoire ; le deuxième, coordonné par Denis Bertrand, Jean-François Bordron et Veronica Estay Stange, porte sur la problématique de La négation, le négatif, la négativité ; le troisième, dirigé par Anthony Mathé, a pour titre Sémiotique du vêtement, aujourd’hui. Quant aux Prépublications du Séminaire de Sémiotique, elles accueillent les textes des interventions sur la problématique du Séminaire en 2013-2014, « Principe d’immanence et entour pragmatique » (cf. supra).

9D’autres revues font également référence à la sémiotique dans leur démarche ou dans leurs problématiques. Visible est une revue de sémiotique visuelle mise en place dans le cadre d’un projet de recherche européen initié par le CeReS de Limoges. Elle participe à la construction de ce lieu d’échanges et publie, par priorité, les résultats de ces rencontres. En 2014, le numéro 11 de cette revue, édité par Anne Beyaert-Geslin, Vivien Lloveria et Shima Shirkhodaei, a été consacré aux journées de clôture du programme de recherche Images et dispositifs de visualisation scientifiques, elles-mêmes intitulées Image et démonstration scientifiques (novembre 2010). Centré sur cette relation, ce numéro porte l’attention sur l’image liée à la démonstration scientifique pour comprendre comment elle contribue à l’efficacité démonstrative.

10Plusieurs ouvrages de sémiotique ont par ailleurs été publiés en 2014 :

  • Driss Ablali, Sémir Badir et Dominique Ducard (éds), Documents, textes, œuvres. Perspectives sémiotiques, Rennes, Presses Universitaires de Rennes.

  • Sémir Badir, Épistémologie sémiotique. La théorie du langage de Louis Hjelmslev, Paris, Honoré Champion.

  • Anne Beyaert-Geslin et Maria Giulia Dondero (éds), Arts et sciences. Approches sémiotiques et philosophiques des images, Liège, Presses Universitaires de Liège.

  • Amir Biglari (éd.), Entretiens sémiotiques, Limoges, Lambert Lucas.

  • Jean-François Bordron, Image et vérité. Essais sur les dimensions iconiques de la connaissance, Liège, Presses Universitaires de Liège.

  • Hugues de Chanay, Marion Colas-Blaise et Odile Le Guern, Dire/montrer, au cœur du sens, Chambéry, Presses de l’Université de Savoie.

  • Veronica Estay Stange, Sens et musicalité. Les voix secrètes du symbolisme, Paris, Classiques Garnier, « Études romantiques et dix-neuvièmistes ».

  • Bernard Lamizet, Le sens et la Valeur – Sémiotique de l’économie politique, Paris, Classiques Garnier, « Bibliothèque de l’économiste ».

  • Massimo Leone, Sémiotique du fondamentalisme religieux. Messages, rhétorique, force persuasive, Paris, L’Harmattan (ouvrage préparé dans le cadre d’une bourse de recherche de la Ville de Paris).

11Parmi les soutenances en sémiotique qui ont eu lieu au cours de l’année, signalons, sous réserve de plus amples informations, celle de l’HDR de Nicolas Couégnas, Du genre à l’œuvre. Pour une dynamique sémiotique de la textualité, suivie par Alessandro Zina (Université Toulouse le Mirail) – membres du jury : Driss Ablali (Université de Lorraine), Sémir Badir (Université de Liège), Michel Ballabriga (UTM2J), Denis Bertrand (Université Paris 8- Vincennes-Saint-Denis), et la thèse d’Elena Guseva, L’étude de la dimension éthique dans la communication du packaging des produits alimentaires, sous la direction de Jacques Fontanille (Université de Limoges).

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Pour citer cet article

Référence électronique

Veronica Estay Stange et Denis Bertrand, « France »Signata [En ligne], Chroniques, mis en ligne le 31 décembre 2014, consulté le 28 mars 2024. URL : http://journals.openedition.org/signata/1360 ; DOI : https://doi.org/10.4000/signata.1360

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Auteurs

Veronica Estay Stange

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Denis Bertrand

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